Serendipité



Regarde moi disparaitre,
Je m'effondre en toi.
Regarde le monde autour de toi,
Enroule toi autour des ombres,
Et regarde moi disparaitre.
Brûle mon vécu sans attendre,
Car tout tombe autour de toi,
Et regarde moi disparaitre.
Sans bruit, sans heurt, sans cri,
Parce que tu m'as déjà fui.

Regarde comme tout coule autour de toi,
Même moi alors que j'espérais rester,
Même moi, qui me pensais à part,
Même moi, qui cesse d'être,
Parce que tu ne me regardes pas.
C'est fou comme on s'est laissé filer,
L'air de rien, sans y penser.
Viens, sans attendre, à mon aide,
Hurlant cette vision que je plaide,
Juste à temps pour me voir disparaitre.

Je me mettrai sur le dos du hasard,
Je me mettrai sur le dos du temps,
Peut-être sur celui de l'espoir,
Pour que je ne sois plus maintenant.
Je me mettrai sur le dos du hasard,
Je me mettrai sur le dos du changement,
Je serai du côté de la victoire,
Pour me consumer lentement.

Alors je demeurerai un lointain souvenir,
Un îlot, je l'espère, d'une nostalgie amère,
Un écueil suave dans le brouillard,
Un temps révolu que je voulais immortel,
Un monde perdu au coin d'une ruelle,
Une étreinte figée dans mon sommeil.
Mais mon fort n'est pas le monde,
Mon intérieur n'est pas la vie,
Et tandis que j'essaie de m'en rapprocher pour toi,
Je vois les autres et tu n'es plus là.

Lorsque je ne serai plus,
Et que tu t'étendras sur les berges d'autrui,
Garde un recoin fugace, terne et gris ,
Pour celui qui, parmi les autres,
Voulais mourir dans ton lit.
Regarde moi donc disparaitre,
Tandis que les cadavres s'entassent,
Que les corps s'agitent sur les cimes du bonheur,
Le blizzard fouettant leurs visages meurtris,
Et la foi dévorant leurs viscères équarries.

Je me mettrai sur le dos du hasard,
Je me mettrai sur le dos du temps,
Peut-être sur celui de l'espoir,
Pour que je ne sois plus maintenant.
Je me mettrai sur le dos du hasard,
Je me mettrai sur le dos du changement,
Je serai du côté de la victoire,
Pour me consumer lentement.

Mais regarde moi disparaitre...